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  • Photo du rédacteurKristell

La Neige, une allégorie du deuil

Texte rédigé par Isabelle Galpin, bénévole chez Vivre Son Deuil Normandie


En lisant ce titre, vous allez me dire qu’il n’y a aucun rapport entre neige et deuil… Et pourtant ! Je vais vous expliquer en quoi cet épisode hivernal renvoie à ce processus si particulier qu’est le deuil.



Depuis quelques jours, on nous parle des conditions météorologiques, d’alerte Neige-Verglas. Chacun peut s’y préparer ou non, anticiper ses rendez-vous, mais quand elle tombe, cette neige, on n’est pas tous « touchés » de la même façon, voire nous sentir démunis. Tout comme le deuil qui nous impacte tous de manière différente.

En ce qui me concerne, ce matin quand j’ai ouvert les volets, il y a eu plein d’émotions. De la joie, en découvrant ce beau manteau blanc recouvrir la nature, ce silence, cette paix, et aussi de la peur à l’idée de prendre la route, de la colère que ma journée professionnelle se trouve perturbée par des annulations, et de la culpabilité, finalement, en me disant que c’est sympa aussi de rester à la maison… La neige vient générer des émotions contradictoires, tout comme le deuil provoque souvent des tempêtes émotionnelles, où tout s’entremêle, s’alterne… Ce qui peut être perturbant pour soi mais aussi pour l’entourage.

Passé ce constat « oui, il y a de la neige », j’accueille ce qui est là. Je prends le temps de voir si je vais sortir, si j’y vais seule ou accompagnée, comment je me protège… Et puis, ça y est : j’ose, j’expérimente le fait de sortir de chez moi… Je ne sais pas bien comment ni où je vais aller, mais je m’aventure sur des chemins un peu glissants. Je sens que, pas après pas, je me remets en mouvement. L’équilibre devient plus sûr. La nature m’apaise, je me ressource et prends soin de moi, de mon corps.

Sur le chemin du deuil, s’entourer, s’écouter, aller à son rythme, se remettre doucement en marche est essentiel… Car le corps est souvent éprouvé. On peut vivre une perte d’équilibre et de repères. Il est important de s’apporter de la douceur, de prendre soin de soi pour, un pas après l’autre, se remettre en mouvement.

Si la neige forme un épais manteau blanc, la souffrance peut, elle aussi, nous envelopper… On peut prendre le temps d’observer cette neige fondre au fil de la journée et perdre de son épaisseur, sous les rayons de soleil qui revient discrètement ou bien au rythme du passage régulier des voitures… La blessure de la perte va, elle aussi, s’apaiser au fur et à mesure que l’on parle de son histoire et du lien avec le défunt, que l’on prend soin de sa cicatrice. Certains moments, même furtifs tels qu’un beau rayon de soleil, reconnectent à la vie…

La neige ne disparaît pas, elle se transforme en eau, pour irriguer la terre. Il en va de même de la relation avec l’être disparu qui se transforme également, et c’est un lien intérieur qui se construit avec ce dernier.

J’ai pris conscience aujourd’hui que, derrière cette neige, il pouvait y avoir des cadeaux cachés… En ce qui me concerne, ça a été de prendre du temps pour moi en commençant ma séance de yoga avec cette magnifique vue sur la nature enneigée qui m’a apporté un sentiment de paix. Je me suis reconnectée à ma créativité par une activité artistique et je me suis promenée dans la nature… Ballade qui a inspiré cette longue publication…

Oui, on peut découvrir, derrière chaque épreuve ou chaque deuil, un cadeau caché. C’est évidemment difficile à entendre, lorsqu’on est en pleine souffrance, mais un jour peut-être chacun découvrira le sien… En tout cas, je le souhaite de tout mon cœur.

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